Sennar
Fidèle De La Première Heure! (Membre Actif EP1)
Messages : 32 Date d'inscription : 04/05/2012 Age : 27
| Sujet: Histoire Jeu 10 Jan - 8:10 | |
| Bonjour, je poste un petit texte que... je ne pensais pas mettre sur internet, qui était destiné à une amie. Nous nous étions dits que pour Noël nous nous offririons un court texte qui essaieraient parler de nous-même. J'ai mis quelques unes de mes réflexions dans ce texte totalement improvisé. Je le met en spoiler en me disant qu'il n'apparaitra ainsi peut-être pas dans les moteurs de recherche. Je ne sais pas si ce que je dis est vrai. Mais ce texte parle de moi avec une sincérité que je n'ai pas souvent mise à l'oeuvre, et j'aimerais autant qu'il ne soit trouvable que par les gens bien attentionnés de ce forum. L'Homme de Fer- Spoiler:
L’Homme de Fer
Je vais te raconter l’histoire de l’Homme de Fer. Elle n’est pas bien longue, tout comme ce qu’elle représente. C’était un grand monsieur. Je ne parle que de la taille. Dans la tête aussi, peut-être ; on lui disait souvent qu’il avait une tête bien faite. Mais bon ça, personne ne le prouvera jamais. Ce serait bien malsain d’essayer de le prouver d’ailleurs. Un grand monsieur. Physiquement, c’est la seule caractéristique que nous garderons de lui. Le reste est sans intérêt et compliquerait une histoire qui ne mérite pas d’être compliquée. On l’appellera l’Homme de Fer, parce que ça lui plait énormément de penser qu’il est insensible à tout. Et on est des gentils tous les deux, on veut lui faire plaisir. Alors on l’appelle l’Homme de Fer.
Un jour, l’Homme de Fer rencontra une Dame. Elle aimait se faire appeler la Mort, et l’Homme de Fer était un gentil, alors il accepta de la nommer «la Mort». La différence entre lui et elle, c’était qu’elle était quelque chose. Que son nom désignait ce qu’elle était. On n’a pas besoin de penser pour être, il suffit de représenter quelque chose. Se représenter soi-même, telle est la question. Il faut bien se connaître pour cela. Comme un comédien talentueux, il faut savoir comment donner du sens aux paroles que l’on tient. Il faut savoir quel visage prendre pour accompagner ses propos, ou les propos de l’Autre. L’Enfer n’est pas les Autres. Nous sommes les autres. Ils ne sont que notre reflet, et on les perçoit comme on les veut percevoir. Il est bien absurde de les traiter «d’Enfer». C’est nous, l’Enfer.
Revenons à la Dame. Elle proposa à l’Homme de Fer une promenade, que celui-ci accepta avec joie. Elle était fort jolie. Alors qu’ils marchaient sur les chemins imaginaires de sa destinée, l’Homme de Fer écoutait la Dame qui lui expliquait calmement que leur ballade serait sans retour.
Tout n’est pas infini. Tout n’est pas une boucle. Il y a des chemins qui ne ramènent pas à leur point de départ, et ils sont les seuls qui permettent aux gens de vivre. D’être. L’Homme de Fer était séduit. Jamais il n’avait tant admiré une femme que cette Dame, qui parlait sans dissimuler ses objectifs. Il était convaincu, et acceptait sagement le sort qu’elle lui réservait. Sur le chemin, il marcha dans une flaque. Il regarda ses chaussures mouillées d’un air agacé. Il vit dans la flaque d’eau son visage agacé. Et il arrêta de marcher.
Il était gêné par ses chaussures mouillées alors que la Dame lui promettait de mourir prochainement. Quelles conséquences pouvaient donc avoir ces chaussures mouillées sur lui ? Aucune, vraisemblablement. Mais pourquoi cet air agacé, sur son visage, alors ?
Tout un raisonnement se fit dans l’esprit de l’Homme de Fer. Il n’était pas de Fer. C’était une Homme de Pâte à Modeler, comme tous les Hommes. S’il était de Fer, il se moquerait bien de l’eau sur ses chaussures, surtout qu’il quitterait ce monde bientôt. Ce n’était pas le cas. Rien ne l’énervait plus que ses chaussures mouillées. Alors il regarda derrière lui. Il vit les Autres. Non pas un Enfer, grand Dieu, mais le plus beau des Paradis. Ils lui tendaient la main, sans autre prétention que celle de l’aider.
L’Homme de Fer regarda une nouvelle fois vers la Dame, et vers le chemin qu’elle lui proposait. Devant lui, il n’y avait rien. Rien, et bientôt, Lui. Alors l’Homme de Fer comprit qu’il n’y avait d’autre Enfer sur Terre que le Rien. Sans hésiter une seconde de plus, il tourna le dos à la Mort, et courut vers ses amis.
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