Errances Poétiques
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 En cette nuit de Primera Muerte

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AuteurMessage
Erika Rafaruta



Messages : 19
Date d'inscription : 18/07/2012

En cette nuit de Primera Muerte Vide
MessageSujet: En cette nuit de Primera Muerte   En cette nuit de Primera Muerte EmptyVen 20 Juil - 11:19

Il marchait dans ces ruelles familières. Beaucoup trop familières. Empruntant ces multiples passages qu'il avait si souvent traversé, un souvenir gravé en lui, pour son plus grand dégoût. Vingt ans. Vingt longues années. Et il se retrouvait ici de nouveau, ce lieu où il espérait ne jamais revenir. Ce trou perdu, fonctionnant au ralenti, ne connaissant rien du reste du monde. Ignorant totalement son identité. Pour eux, il n'était que celui qu'ils avaient connu enfant.
Il arpentait ces rues. Ces rues méconnaissables, parées d'orange et de noir. C'était jour de fête. Une fête très importante. Primera Muerte. La fête des esprits. Les enfants frappaient aux portes des maisons, déguisés en démons, lycanthropes, vampires et autres goules, ces créatures qui peuplaient uniquement un imaginaire venu d'un autre âge. Et les adultes repoussaient les démons en les amadouant avec des friandises. Ce souvenir n'était pas non plus joyeux. Il n'avait jamais pu participer à cette fête. Mais en voyant les enfants, il esquissa tout de même un sourire. Ces enfants. Il savait faire la différence entre ses souvenirs, et il n'avait rien contre ces enfants, trop jeunes pour ne serait-ce que se douter du pourquoi de sa colère. Mais dans chaque ruelle, des villageois, le reconnaissant, faisaient mine de partager sa douleur. Par un quelconque moyen, qui ne faisait qu'attiser sa colère, sa haine.
Toutes ces accolades, toutes ces condoléances, tous les moindres signes de bienveillance à son égard. Tout n'était qu'hypocrisie. Ces souvenirs. Ces souvenirs qui le dévoraient de l'intérieur. Le simple fait de voir toutes ces personnes faisait resurgir en lui toute la haine qu'ils lui inspiraient. Non, pas des personnes. Des individus, des créatures, des fantômes. De simples ombres surgies de son passé. Un passé vide de gloire et empli de souffrance. Dès sa plus tendre enfance, il fut capable de détruire, d'annihiler, de faire disparaitre les obstacles qui se trouvaient sur son chemin. Les anciens voyaient en lui un démon, les plus jeunes, un monstre. Hypocrisie. Un mot taillé pour lui et sa vie dans ce village. Haï de tous, il avait vécu en paria, fui comme la peste par les adultes, insulté par les autres enfants, condamné à n'utiliser ses pouvoirs que pour faire disparaître les pierres qu'on lui lançait. Seule sa famille comptait pour lui. Enfin famille. Il ne lui restait que sa mère. Son père et ses trois frères avaient péri lors de la grande guerre qui dura cent longues années. Ils avaient vécu heureux dans ce petit village, ignorant tout des intrigues politiques du monde. Les armées de la nation du feu étaient venues recruter, de gré ou de force. Ils n'avaient pas eu le choix. S'engager était la seule solution. Il partirent et périrent, laissant une veuve éplorée et enceinte de lui. Lui qui a grandi, maudit de tous, et a quitté ce village quinze ans plus tard. Il a vécu. Il a combattu. Et s'est forgé un nom terrifiant pour ses ennemis, un nom rassurant pour les victimes, un nom triomphant pour tous. Mais il s'est écoulé vingt longues années, et sa mère a fini de vivre. Il est revenu pour enterrer cette femme admirable qu'il a du laisser. Elle qui lui a dit de partir, pour changer son étoile. Elle qui quittait le village pour venir le voir, quand il revenait de ses conquêtes, de ses combats innombrables. Il avait la joie de la voir a chacun de ses retours, elle, toujours accueillante. Il a pleuré en apprenant son décès. Sa femme lui a fait part de son souhait de venir l'assister. Elle le devait à sa belle mère. Mais lui préférait y aller seul. Il ne voulait pas que les gens de ce village voient son bonheur. Ils n'en avaient pas le droit.
C'est pour cela qu'il était là. En ce jour de Primera Muerte. Seulement deux jours à attendre. Le Secunda Muerte, la fête des Dieux, ce jour consacré à la prière. Les rues seraient parées de bleu et de rouge et tous iraient au temple. Il le vivrait, au même rythme que les autres. Puis le Tertia Muerte. La Fête des Morts, ce jour consacré aux Disparus. Les rues seraient parées de vert et de blanc, et tous se rendraient dans les cimetières pour honorer les ancêtres et tous ceux qui étaient chers à leur cœur. Ce jour qu'il attendait. D'abord parce qu'il serait son dernier dans cet endroit. Et surtout, parce que c'était ce jour qui avait été désigné pour l'enterrement de sa mère. Il n'était pas croyant. Mais, pour cette fois, il était prêt à croire cette légende qui racontait qu'une personne enterrée lors du Tertia Muerte trouvait la paix de l'âme sans passer par les différentes strates de Lurr-tega, les multiples épreuves que doivent traverser les morts afin d'atteindre le lieu de toutes les sérénités.
Il haïssait ce village. Mais il aimait profondément sa mère. Et pour elle, il était prêt à affronter l'ignorance de ce patelin minable qui l'avait vu naître. Qui ignorait qui il était. Qui ignorait qui était Nihil Daemon, le Démon du Néant.
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En cette nuit de Primera Muerte

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