Des tissus fichus que le temps nous prend
Comme si nos vies lui étaient dévolues
Des proches, des visages tout entier avalés
Par les cliquetis de l'horloge affamée
Je ne vous parlerai pas de mon temps perdu
Mais d'un autre bien plus saugrenu
Du temps que l'on perd, que l'on serre
Contre son soi irrémédiablement déchu
Du temps que l'on éviscère à tour de bras
Sans se soucier de ses bas aguicheurs
Que l'on esquive fièrement du regard
Trop de rancœur dans la tête et entre les jambes,
Du temps que l'on sert sur un plateau d'argent
Du temps qui mange et se fout des mendiants
Et qui dans sa démarche apprend
A faire taire tous ces ignorants
Les terrant dans du terreau fumant
Et de ce temps je ne sais rien de plus
Alors je me distingue et fais bonne figure
Le tringle dans un surplus de luxure
Susurre à son oreille quelques souillures
Il délaisse des morceaux de ma peau sur une toile
Assis au milieu d'une foule, dans les rangs
Je vois l'horrible démarche de son voile
Qui défie les étoiles.
Que puis-je y faire
De ce temps, de cet air
De l'ère du temps
Et de son voile
Abominable ? ~
¤
Souvent, je suis terriblement hésitant,
Opiniâtre à cause d'un sale temps,
Doucement je m'agite dans mon enclos,
Oscillant entre mal et mal précocement éclos,
Mystique est ma dernière et ultime tentation,
Ériger des villes pour les brûler sans condition.
Et..
Goulûment, je me mords les doigts,
Opinant, les yeux pleins d'envies
Maintenant je perçois ces gamins bien cuits
Ô grand malheur, le pire des vices me touche
Reste dans l'errance en tant que vieux con
Rigole fièrement de ton misérable dôme
Homme pervers passera bientôt à l'action
Esseulé, depuis trop longtemps, mais..
Avidement
J'entreprends
De manger
Mes futurs
Enfants.
¤
Les papillons sont des songes errants souhaitant rejoindre les contrées de l'Éden. Savent-ils seulement que celui-ci n'est pas ici ni ailleurs ? Quant à leurs battements d'ailes, inexistants, ils nous rappellent chaque jour que si quelque chose subsiste, c'est bien le non-être.
¤
Les cieux s'enveloppaient de sournoiserie, plombaient les ruines de l'ancien village, œuvraient pour le chaos en imbibant le monde de tristes lueurs, celles que l'on retrouve parfois dans les yeux humides des enfants à l'agonie, futurs cadavres.
¤
Environs dix mille damnés doués d'un don surnaturel mirent fin à leur pacte à l'aide d'une danse dite démente, spirale autodestructrice digne d'une chorégraphie désordonnée qui perdurera jusqu'à l'aube doucereuse.
¤
N'oublie pas
Comme une feuille
Tu te colores après naissance
Mais finis toujours
Par te détacher de ton monde
Une fois revenus les beaux jours
Tu te ternis et frémis
Une dernière fois, décati,
En songeant à la vie
Tu te recroquevilles
Et tombe dans ta tombe.
¤
Essentialisme comme la quintessence de l'amour éthéré
Moi, je pensais à nos ébats dont je rêvais, aéré, j'errais et
Mouvementé, ton galbe était précieux mais pourtant inique
Alors que moi, disgracieux, les cieux m'ont fait pudique.
Souvenirs impérissables dans les combes de ma tête malade
Ta plus belle rencontre est soudainement devenue maussade
Ornée par le chaos, maintenant, je n'ai que pour réconciliation
Notre disparition, ton abandon et l'absolution de nos torts
Et alors je me dis que cette histoire recommencera encore.
¤
Les immondices pleines de déjections
Rampantes sous mes meubles
Laissent parfois des épines sur le sol
Qui viennent écorcher mes pieds.
Ces chimères affolées et brisées
A trois yeux et sans tête visible
Et dont les queues sont risibles
Détiennent dans leur antre éventré
Le reflet de mes nuit paisibles
Je hurle, non sans douleur
Mais je retiens surtout leurs
Regards privés de lueurs
Où même les heures
Se perdent et se meurent.
Elles chient leur progéniture
S'en servent comme garniture
Pour elles, le temps et son usure
Ne sont que de grotesques leurres
Je tends une oreille avisée sur
Le bruit de la chair perforée
Et j'aimerais bien pouvoir me séparer
Du poison de vie qui m'envahit
De journée grise en journée
Grisée, ces jours naissent
Sans raison, puis finissent
Par me mettre nez à nez
Avec cette humiliation que je pisse,
Réplique consternée
De mon moi né autrefois
Entre deux sac à placenta,
Tas de poussière résiduelle
Qui recèle des perles opalines
Pas un mot, juste une parade
Entre ma tête blafarde et les lignes.
Ruissellent aussi d'étranges vignes
Dont le vin sera poison de guigne
Et enfin l'on trouve aussi de dignes
Nébuleuses frileuses à la pelle
Et si j'ai perdu ce duel face à moi-même
C'est parce que quand bien même
J'aurais été sincère avec le ciel
Je ne peux l'être avec mes semblables.
Puis je me rendors
Tout ça n'aura été que la réalité
Après tout.
¤
D'un morceau de corps encore
L'on retrouve parfois tellement
D'une silhouette égarée dès lors
On sait lire tout son acharnement
A subsister sans l'homme qui dehors
S'en était habillé amoureusement
¤
La poésie d'une fleur qui délaisse son pollen au profit d'un air meilleur, masquant le soleil comme le visage de ma bien aimée, vertige d'un détachement tremblotant et définitif. Nos amours y sont semblables, les fractures y sont toutes propices, si bien que ces fleurs ont la même odeur enivrante, jusqu'à ce que qu'elles se meurent, qu'elles crèvent disgracieusement faute d'un trop plein de vie. Ton visage, puis ton corps tout entier qui autrefois m'étaient familiers délaissent ma mémoire, s'accrochent autre part, sur un autre homme. Ne restent que de vagues réminiscences que j'aimerais perdre. Rupture émotionnelle.
¤
Ma haine directement suturée à mes tendres amours, si bien que je ne fais plus la différence, à force d'années les émotions prennent le même visage inexpressif. L'on se moque bien de savoir ce que l'on éprouve, si l'on est haineux ou si c'est un amour bien con auquel on a affaire, on en fait des cendres, on s'autodétruit en s'embrassant de violence, en se caressant de brutalité.
Ne s'ensuit rien de concret, on essuie les vestiges de ce que l'on avait pris tant de temps à construire ensemble, et on les écarte peu à peu, on sue à grosses gouttes, et on recommence, on injecte sa semence, on éjacule et on apprivoise le reste.
¤
Derrière les astres, le néant désastreux et son orchestre viscéral.
Entre nos deux visages, les respirations contenues de notre amour ineffable.
Entre nos deux tombes, des gravas et du sable, un peu d'incompréhension face à cet arrêt soudain.
Pourquoi ne pas m'avoir laissé plus de temps pour l'aimer vraiment ?
¤
Les sphères de ton monde
A l'atmosphère ambrée
Me donnent la créativité
De ces oiseaux en ronde
Qui eux dessinent là-haut
Nos plus cruels maux
Le visage de nos âges
Perdus dans le passé
Pesant et pressant
Assez de dessins soignés
Pour nous rappeler
Que les nuages miment
Nos historiettes écoulées
Imprégnées de secrets
Parfois à peine abordées
Dans nos paroles intimes
Parfois bien plus détaillées
Dans mes ridicules rimes.
¤
La fumée tout comme les cendres
D'un tabac quelque peu rance
Se laissent aller et s'oublient
Se lient à l'air et délaissent
Le nid de la cigarette,
Virevoltent dans les stries
Qu'impose la vie. ~
¤
Je suis né dans une baignoire
Noire d'espérances, noire d'eau
J'aurais voulu saisir un bateau
Qui m'aurait emmené autre part.
Les ondes remuent mon estomac
Des acidités tombant vers le bas
Ne se propagent que des sons
Parmi les sinuosités des flots.
En me noyant je trouve le beau
Étrangeté ondulée tout au fond
De cette baignoire à l'abandon.
¤
Je n'ai ni l'envie ni le temps
De prendre vie dans le vent
Qui se plie sur ses propres devants
Du vent de vie qui me dévie de vous
Entre dans nos lits d'ici là,
Ca et là les secondes aussi
Puisque c'est ainsi je les invite
Un temps, deux temps, détends
Presse sur la détente et demande-toi
Si ton plan a fonctionné, un temps
Deux temps, trois temps, trottant
Sur les trottoirs de ma destinée
Me traitant beaucoup trop d'entêté
Je la troque contre un bon gros trac.
Folie filante, titubante, affolante
Frémit devant mes phalanges fanées
Mes fragrances flinguées
Mes filigranes sur un fil de fer rouillé.
Et alors... un curieux orgasme me rend
Fantasque, suite à quelques fantasmes
Que j'embarque dans ma barque
Glissant doucement sur les miasmes
De mes nuitées tiédies par les astres.
J'ai appris à verser mes larmes
Dans l'entonnoir de mon inconstance,
Un temps, deux temps, trois temps,
Et quatre, je me souviens de mes cinq ans
Suintant le vice résultant de mes paroxysmes
Ceci étant dit, huit ans ne me font point rajeunir
Dis-en autant, je cède mon grand amour en prisme
Doutant du fait que la vie va à nouveau fleurir
Autant de temps en action, de tentations et
D'ascensions attentés, en attente, puis avortés,
Tentant à tâtons de trouver le beau temps.
¤
De corps en corps, je me promène et je dors
Sur des sacs de viande humaine, des porcs
Il s'agit encore et encore de ton foutu sort
Je t'ai poignardé du bout de mes doigts, à tort
Dans les vallons sinueux représentant l'essor
De la temporalité,
Des cieux à la terre,
De l'air aux océans fiévreux,
La moralité est toute autre,
Je t'ai offert cette bénédiction qu'est la mort,
Souvent, je me dis que tu ne le méritais pas.
Je t'en prie, ce n'est rien, ma dulcinée
Dis à ton cadavre de ne pas me remercier.
~